Portraits de Loire à la Renaissance

La Loire a ses humeurs : débit changeant, étiages sévères et inondations catastrophiques. Si elle nous semble aujourd’hui maîtrisée, à la Renaissance, les riverains doivent composer avec cette nature changeante et difficile. Au XVIe siècle les levées ont déjà une longue histoire. Elles facilitent la navigation, contiennent les crues les plus fréquentes et protègent les terres cultivables. Le Val de Loire devient une terre jardinée. Pourtant, le cours principal du fleuve peut changer, tout comme le trait de rive : la Loire n’est pas maîtrisée. De nombreuses inondations dévastatrices marquent les souvenirs des riverains. de Loire à la Renaissance

À la Renaissance, la Loire est au cœur de la vie des riverains et de l’économie du pays.
On occupe et on exploite le fleuve, ses rives et ses ponts. L’accès direct à l’eau est bloqué par les remparts, mais les rives sont de plus en plus aménagées. Certains métiers s’implantent par commodité près de l’eau.
À la fin du XVe siècle, huit ponts seulement traversent la Loire entre Sully-sur-Loire et Chalonnes-sur-Loire. Les nombreuses installations qui se trouvent dessus rendent la circulation difficile : ponts levis, maisons, boutiques et toilettes publiques y sont présents. Sous les ponts, des moulins et des pêcheries s’ajoutent aux activités.

À la Renaissance, la Loire est une véritable autoroute, une artère de communication majeure pour le transport et le commerce du pays. Les bateaux et les acteurs sont divers, les difficultés de navigation sont nombreuses.
Une corporation particulière, la « Communauté des Marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendant en icelle » agit comme une sorte de syndicat pour l’entretien du chenal, la signalétique appelée balisage et la gestion des péages. Elle régit les indemnisations et défend l’intérêt de ses membres.

Au XVIe siècle, la présence des rois en Val de Loire et les découvertes géographiques lointaines provoque un nouvel essor pour le commerce sur la Loire.
Aux côtés des produits traditionnels locaux, comme le sel, le vin ou le blé, les riches marchands d’origine française ou italienne installés dans les villes font venir des produits de luxe. L’apparition des produits exotiques venant d’Outre-Mer oblige les commerçants à changer leurs pratiques.
Les pancartes de péages qui fixent les taxes sur les marchandises ou les comptes permettent de connaître précisément les produits locaux ou importés pour le quotidien des habitants.

En temps de paix, le Val de Loire se construit et son fleuve le lie au monde. Les idées circulent librement.
En temps de guerre, le Val de Loire se transforme en terrain d’affrontements. Les guerres de religion marquent les souvenirs.
Les villes se protègent derrière leurs remparts mais, malgré cela, sont le lieu de terribles massacres. Le commerce est paralysé, les armées qui passent terrorisent les paysans et la pénurie des aliments de base génère de la famine.
La Loire et sa marine sont les tristes témoins et acteurs de ces évènements.